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Lau's (still) Writing
4 octobre 2013

Sciences VS Littérature ou Sciences Feat. Littérature ?

Sciences VS Littérature ou Sciences Feat. Littérature ?

Hier après-midi, j’ai fait preuve d’une grande motivation. J’ai pris mes clefs de voiture, j’ai bravé le ciel qui s’assombrissait et j’ai décidé de me rendre à une Fnac, certes pas très grande mais existant quand même, afin d’aller acheter des livres. Jusque là, on s’en fout. J’ai voulu me procurer des manuels. Ok, pourquoi pas.

Et bah non ! J’ai oublié de préciser que j’ai voulu acheter des manuels de… LITTERATURE !

Et là, comme diraient les informaticiens, « FATAL ERROR », ou encore « PAGE 404 ».

Alors un rayon plein de manuels scolaire. Bon, pas de soucis, normal. Je vais du côté des manuels de concours après avoir un peu tourné dans le magasin puisque que je prépare le CAPES. En fait, ce rayon était mon dernier espoir. Concours gendarmerie : non. Concours école de police : toujours pas. Concours école d’infirmière, tout un étage, vous êtes bien gentils mais pour être prof de Français ça ne va pas m’aider. Prépas scientifiques, j’entre dans le désespoir parce que c’est le dernier étage, que je suis déjà assise sur la moquette et que je me sens particulièrement bête.

Quand bien même, en face, plein de rayons avec des livres « littéraires », c’est peut-être là-bas. Je lève les yeux pour voir la classification. « Roman francophone ». Oui, mais là non, je cherche des manuels d’Ancien Français essentiellement, ou de dissertation. Alors, rien à voir avec le roman. En passant, ayez une pensée pour moi pour ces deux matières s’il vous plait, vous pouvez compatir (ou me traiter de folle). Je bouge mon regard vers la deuxième pancarte. Roman international. Je ne m’arrête pas. Roman Fantasy. Ah… Si seulement ! Mais non. Roman policier. Dernière grande pancarte.

Que cela ne tienne, je me suis déplacée jusque là, je ne vais quand même pas me faire avoir ! Par contre, je commence à prendre un peu peur, il me faut aussi une pièce de théâtre. Toujours pas vu le rayon. Je passe alors entre les toutes petites allées et lis encore les pancartes. Romans Anglophones. Romans VO. Romans érotiques. Autobiographies. Bon… je repars dans l’autre sens, me disant que j’ai forcément raté quelque chose. C’est obligatoire. J’ai bien aperçu une dizaine de livres regroupant théâtre et poésie dans le rayon collège-lycée, mais je refuse de croire que c’est tout ce qu’il y a pour ces deux genres. « Que diable ! » avais-je en tête. Donc, c’est reparti. Je baisse enfin les yeux. Et là, au milieu d’une allée, je vois une étiquette en tout petit. Une flèche montre deux tous petits étages. Avec une quinzaine d’œuvres par étage. Théâtre. Je continue dans la même allée. Même étiquette. Poésie. Et là, je pleurs. Je regarde en face, de l’autre côté de la grande allée. Et là je vois plein de rayons scientifiques, remplis.

Pourquoi ?

Inutile de le dire, je suis repartie sans mes manuels. J’ai quand même réussi à trouver Bérénice de Racine. Si ça n’avait pas été le cas, je crois que j’aurais déroulé une banderole de protestation, faut pas pousser.

C’est comme quand j’étais en seconde. Etant bonne élève travailleuse et tout et tout, j’ai eu le choix entre les trois filières générales du bac : Economique et Social (ES), Littéraire (L) et Scientifique (S). Parents, profs, tous me disaient de faire S, ou au moins ES. Bah oui, il y a des sciences, et puis surtout « il y a plus de débouchées ». Ne fais pas L, tu ne peux presque rien faire avec. 12 de moyenne en maths, 17 en physique, 13 en SVT, 14 en SES (sciences économiques et sociales), 14 en Français, 13 en Anglais et 15 en Espagnol. Ce sont toutes mes moyennes du dernier trimestre de seconde. Je ne les mets pas pour me la péter (enfin parfois un peu quand même, j’ai fait fort pour la physique), mais plus pour montrer que je pouvais vraiment TOUT faire. La prof de Français me faisait les yeux doux pour aller en L, mais sans trop d’espoir. Et bah j’ai bravé toutes les supplications, j’ai joué ma chieuse-têtue, et j’ai suivi mon amour des livres jusqu’en section littéraire. Nan mais owe !

En tant que future prof de Français (je commence à enseigner dès l’année prochaine, pôvres élèves !), j’ai envie de pousser un coup de gueule. OUI sans les sciences nous ne sommes rien ! Je sais. Ne serait-ce que pour écrire cet article et pour que vous le lisiez, sans l’informatique bah on ne pourrait pas. Ou je ne pourrais pas porter mes lentilles, c’est tout juste si j’arriverais à voir. Je ne pourrais pas non plus aller acheter mon café car le principe de la monnaie ne pourrait pas exister, si on ne sait pas compter. Tout se ferait à pieds, pas de voiture. Mon chat mangerait tout et n’importe quoi, et non pas de bonnes croquettes adaptées pour lui. Oui, les sciences sont importantes.

Néanmoins, laissez-moi défendre quand même la Littérature. Comment les scientifiques pourraient former tous leurs raisonnements si à l’origine ils n’ont pas de langage ou de capacité de penser ? Durant la Seconde Guerre Mondiale, qui donnait envie aux gens de se lever, comment faisait-on pour parler de la Résistance ? Comment les grands penseurs ont-ils fait passer leurs idées siècle après siècle ?

Arrêtez de dire que la Littérature est secondaire. Pendant le scolaire, c’est elle qui va permettre aux jeunes de former leurs pensées et leurs opinions, qui va leur apprendre à réfléchir. Ces études de texte servent aussi à comprendre les sens cachés. Au quotidien on a ce qui est dit, et ce qui doit être compris. La Littérature va aussi permettre de saisir les politiques, de voir quand ils nous aveuglent ou nous manipulent à travers certains procédés rhétoriques. On va apprendre à voir quand ils essaient de nous persuader par les sentiments, et quand ils vont vraiment se fonder sur de réels arguments pour nous convaincre. La Littérature va aussi nous apprendre à parler correctement, et plus encore à discourir pour vraiment exprimer ce que l’on pense. Le théâtre va être une représentation de la vie. La poésie va jouer avec les sens cachés. Les contes vont illustrer un état de fait de manière détournée pour mieux le comprendre.

La Littérature apporte la liberté : celle de pensée, celle de parole. Alors, s’il vous plait. Ce n’est pas parce qu’elle n’a pas d’aspect pratique et commercial qu’elle doit être oubliée. Je suis peut-être parfois dans mon monde, je ne sais absolument pas ce qu’est la physique cantique, je ne comprends pas le langage binaire et je suis ridicule quand il faut parler de mécanique, mais je sais penser. J’arrive à voir quand quelque chose cloche.

Et là, quelque chose ne va pas. Ne privilégiez pas le savoir à la pensée. Les deux sont interdépendants, aucun n’est plus important. Ils sont aussi indispensables l’un que l’autre, alors révoltez-vous devant ces deux poids-deux mesures !

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